Le procédé de traitement par les enzymes offre « un recyclage proche des 100% » nous confie Bruno Langlois, responsable développement à Carbios. Le plastique ciblé est le PET, communément appelé polyester. Comme il l’explique, ses composants forment « un collier de perles ». Des rouges et des bleues.
Pour réussir le recyclage de ce plastique, il est nécessaire de délier les perles. Une enzyme est une protéine facilitant une réaction biochimique. Et c’est cette réaction biochimique qui découpe le collier à chaque nœud de la chaîne. On obtient alors un rendu similaire au plastique initial avec les « perles bleues et rouges » extraites, ce qui permet de les relier à l’identique.
Pour fabriquer du polyester, il est nécessaire d’extraire du pétrole ces « perles bleues et rouges ». Deux éléments que l’on retrouve déjà dans les déchets d’emballage existant. Il s’agit alors de venir retirer les deux composants directement dans le plastique jeté et non plus dans le pétrole, ressource épuisable.
On peut alors parler de « recyclage infini, et le polyester deviendra un matériau entièrement recyclable au même titre que le verre ou l’aluminium », souligne l’entreprise clermontoise.
Le plastique non recyclable à Valorys
Actuellement, les déchets recyclables plastiques collectés toutes les deux semaines sont déversés sur le site de Valorys. L’entreprise se charge du ramassage mais également du traitement des déchets ménagers.
A l’intérieur du bâtiment, à l’aide d’un tapis, ils passent sous le faisceau lumineux d’une machine chargée du tri optique afin de dégrossir le travail. S’en suit une répartition mécanique et automatisée du contenu de la poubelle jaune afin de séparer les différents déchets en fonction de leurs composants.
Les opérateurs, interviennent enfin, afin de corriger les erreurs de la machine et de séparer les différents plastiques.
Une part des plastiques collectés reste non recyclable. Dans le Trégor, ces déchets sont broyés (en morceaux de 10 à 20 cm) avant d’être envoyés à l’entreprise Kerval pour être valorisés en devenant des combustibles solides de récupération (CSR).
Les plastiques collectés en déchetterie tels que les bâches, jouets, bidons, films étirables ou encore les objets présentant des mélanges de plastique ou une pièce en métal, sont alors broyés en petits morceaux. La combustion de ces morceaux remplace le pétrole, le charbon ou encore le gaz dans certaines installations. « Une tonne de CSR équivaut à 0.5 tonne de pétrole », précise Jean Benoît Orveillon, directeur économie circulaire de Kerval.
Les résidus sont alors valorisés par les cimenteries, qui les brûlent afin de produire la chaleur nécessaire à la confection du ciment (2000°) ou encore par les entreprises pour chauffer les bâtiments. Selon Kerval, les polluants disparaîtraient de la fumée à cette température. Les objets non recyclables seraient alors tout de même valorisés.
©Martin Roche
Les plastiques recyclables
Une part des plastiques est recyclable notamment le polyester (PET). Compactés sous forme de gros cubes (cf photos ci-dessus) suite au tri des opérateurs, ils sont acheminés par camions jusqu’à l’usine de régénération et de valorisation de Valorplast. Les emballages y sont broyés en petit copeaux puis lavés à l’intérieur de cuves où l’on retrouve eau chaude et détergents afin d’éliminer les indésirables : étiquettes et colles.
Le PET est séparé des autres plastiques après différentes étapes de tri mécanique. On peut alors différencier deux types de PET, le clair composant les bouteilles transparentes ou bleu claire, et le PET foncé composant les bouteilles bleu foncé, vertes ou autrement colorées
Les copeaux sont alors fondus à 280°C pour obtenir des granulés purifiés. Dans un second temps, ils sont essorés et séchés. Enfin, les résidus de polyester sont acheminés vers des entreprises pour la confection de nouveaux produits à base de polyester recyclé.
Ce recyclage dit mécanique est pourtant loin d’être parfait comme le rappelle Bruno Langlois : « Seul le plastique clair peut être recyclé en boucle fermée et il présente une perte de qualité à chaque cycle, induisant une difficulté à obtenir des nouveaux produits à partir de PET 100 % recyclé ». Le modèle enzymatique pourrait alors venir perfectionner le recyclage de ce plastique après des essais concluant avec de grands groupes comme L’Oréal. La généralisation du procédé pourrait néanmoins se faire attendre. La première unité opérationnelle capable de produire ce polyester en récupérant « les perles rouges et bleues » dans les déchets plastiques existant devrait voir le jour seulement d’ici l’horizon 2024.