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Le Trégor : trieurs d’élite

Les Bretons sont les meilleurs trieurs en France. Des gestes habituels que les habitants du Trégor ont adoptés depuis des années. L’introduction du monoflux, il y a dix ans, a aidé à leur assimilation.

Trier, un geste que répète mécaniquement Monique Galin tous les matins : « je fais attention au tri depuis que je suis toute petite » commente-t-elle en plaçant ses pots de yaourts vide dans la poubelle jaune. Des habitudes que Monique n’est pas la seule à avoir pris : la Bretagne est la région qui trie le mieux en France. Les habitants des Côtes-d’Armor, particulièrement, sont les premiers en matière de tri avec 137,33 kg par habitant et par an selon les chiffres de Lannion-Trégor Communauté et Citéo.

Une première place que les Bretons occupent depuis plusieurs années déjà. Selon Jean-Yves Menou, anciennement président du syndicat mixte Smitred (responsable du recyclage des déchets dans le Trégor, ndlr) cette position vient de la mise en place du monoflux dans le département. «Avant, on identifiait les déchets à mettre dans la poubelle jaune » raconte-t-il. « Je me suis dit qu’il fallait arriver à un discours beaucoup plus simple pour le tri, dire à la population : Ne vous posez plus de questions, tout ce qui est emballages va dans la poubelle jaune ».

Pour mettre cette réflexion en place, Lannion-Trégor Communauté et le syndicat mixte Smitred se sont intéressés à la mise en place du monoflux. Cette technique existe en France depuis 1996 dans la région Flers-Condé, dans l’Orne. Traditionnellement, la collecte des déchets issus du tri se sépare en plusieurs flux : un pour les papiers, un pour le plastique, un pour le métal / fer, etc.  Avec le monoflux, elle a été réduite à deux flux distincts : l’un pour les emballages plastiques et métalliques avec les briques alimentaires par exemple, l’autre pour les papiers et cartons. Ce mécanisme de collecte permet ainsi aux habitants de n’avoir à gérer que deux sacs de tri, et aux collectivités d’avoir recours à des camions poubelle moins onéreux car moins compartimentés. «Au départ, j’étais un peu réticent, se souvient, dubitatif, Jean-Yves Menou. J’avais peur que ce soit une catastrophe au niveau sanitaire comme tous les flux étaient mélangés. Après avoir fait des études et apporté des solutions aux problèmes, on a décidé de se lancer. »

En 2013, le monoflux fait donc son apparition dans le Trégor avec la modernisation du centre de tri de Pluzunet. « On avait une usine de tri à moderniser, ça a terminé de nous décider », confie Jean-Yves Menou. « On fait partie des trois premières collectivités à être passés en monoflux ! ». Les résultats, eux, sont quasiment immédiats : « Il y a eu une véritable adhésion de la population, avec une diminution de 16 % des ordures ménagères » retrace l’ancien président du Smitred. Les déchets produits par la collectivité sont ainsi passés de 116 kg d’ordures ménagères triées par habitant (sur 263 kg d’ordures ménagères produits par habitant) en 2012 à 135 kg d’ordures ménagères triées par habitant en 2013 (sur 231 kg d’ordures ménagères produites par habitant).

Une usine dernier cri

Le monoflux permet donc de simplifier le processus que traverse le déchet. Alors que l’on se questionnait auparavant sur la poubelle à utiliser pour trier nos déchets, ces derniers sont désormais tous jetés dans le même contenant. Une fois collectés par les éboueurs de Lannion-Trégor Communauté, les sacs jaunes sont envoyé à l’usine de tri de Pluzunet, pour être séparés puis recyclés. 

  • Étape 1 : les déchets sont déversés dans un box puis envoyés sur un tapis convoyeur qui les achemine vers un « trommel »
  • Étape 2 : la machine sépare les déchets en quatre catégories : de 0 à 60 mm, de 60 à 180 mm, de 180 à 300 mm puis ceux supérieurs à 300 mm.
  • Étape 3 : la deuxième machine sépare les « corps creux » (bouteilles en plastique, canettes, etc.) des « corps plats » (papiers, cartons, etc.). Les emballages en aciers sont séparés par des aimants, et les emballages en aluminium écartés par des courants.
  • Étape 4 : des trieurs optiques séparent les déchets en fonction de leur composition, en les scannant à l’aide de lasers.
  • Étape 5 : les opérateurs de tri sont à la fin de la chaîne. Ils contrôlent et enlèvent les erreurs que la machine a pu laisser passer. Les « erreurs de tri » sont ensuite incinérées.

Cette nouvelle technique a permis de mieux référencer les tonnes de déchets recyclés mais aussi les « erreurs de tri » ou déchets refusés qui sont systématiquement incinérés.

Avec la mise en place du monoflux, Lannion-Trégor Communauté a également fait partie des villes « tests » pour l’extension des consignes de tri en 2012. Par exemple, la gamme des plastiques recyclables à été élargie aux plastiques souples, barquettes, pots de yaourt ou encore emballages de jardinerie. Restent interdits dans la poubelle jaune les emballages contenant des restes de nourriture, les bouteilles et flacons plastiques de produits phytosanitaires ou produits dangereux, les objets en plastique de type tubes, les jouets et les médicaments.

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